De Jean Domat à Volkswagen : Etre responsable en droit
Au XVIIème
siècle, Jean Domat formalise le principe selon lequel toute faute ayant causé
un préjudice entraîne l'obligation de le réparer.
Jean Domat
définit aussi la faute comme un comportement différent de celui qu'aurait eu
dans les mêmes circonstances « un bon père de famille ». Le Code
civil a repris ces idées, en 1804, notamment par la rédaction de l'article
1382, socle du droit de la responsabilité.
« Tout fait
quelconque de l'homme qui cause à autrui un dommage oblige celui par la faute
duquel il est arrivé à le réparer ». Saluons donc le publiciste Jean Domat pour son ingérence parmi les privatistes.
Alors que
la responsabilité pénale est
une sanction de la société pour punir l'infraction et le trouble social
occasionné, la responsabilité civile
est une réparation du dommage subi par la victime, une réparation qui prend la
forme de dommage et intérêt.
Il y a deux fonctions distinctes qui
supposent donc deux régimes. En responsabilité pénale, la sanction est fixée
proportionnellement à la gradation du comportement.
En responsabilité civile, le
juge se concentre sur le préjudice subi et la réparation sera la même que
celui-ci soit dû à un accident ou à un meurtre. La réparation sera aussi la
même selon qu'il y ait négligence, faute, faute lourde ou faute grave.
Dans le cas où responsabilité pénale
et responsabilité civile sont cumulées, le procès pénal prime sur le procès
civil. Pour faciliter l’accès à la procédure judiciaire et l’accélération de
celle-ci, les victimes peuvent se joindre au procès pénal en se constituant
partie civile et formuler une demande civile de réparation c’est-à-dire
d’indemnités.
Les
cas de responsabilité civile sont multiples et fondent la plupart des décisions
de justice ou motivent les actions en justice.
Dans le cas
de l'affaire Volkswagen, le groupe automobile a truqué des logiciels pour
contourner les tests antipollution. Son comportement, fautif et préjudiciable, peut entraîner non
seulement une responsabilité pénale mais aussi civile
Les victimes sont nombreuses : associations, particuliers, concessionnaires, État, société toute entière.
En France, des
recours collectifs pour obtenir réparation sont possibles, via
les associations de consommateurs. Les automobilistes français pourraient aussi,
à titre individuel se retourner contre le constructeur même si l’entreprise
s’est engagée à assumer
tous les coûts engendrés par l'installation de ce logiciel sur les moteurs.
En
effet, dans le droit de la responsabilité civile, l’objectif premier est la
réparation intégrale du préjudice. Si l’entreprise prend en charge tous les
coûts, les automobilistes auront obtenu réparation. Le souci est de savoir
quels coûts seront pris en charge et à quelle hauteur.
On peut
estimer le nombre de véhicules concernés à 11 millions dans le monde mais on ne
connaît pas encore le nombre de véhicules concernés en France.
A ces plaintes
possibles des automobilistes s'ajoutera également une procédure lancée par
l'Etat, qui évoque également un "problème fiscal"
pour "l'administration". En effet, "l'administration
française a du octroyer au constructeur un bonus". L’État français, et les
contribuables, sont donc eux aussi des victimes, ès qualité.