La grève de l'aide judiciaire par les avocats

 Comprendre la grève de l'aide judiciaire


La garantie de gratuité de la justice est notamment assurée par un système d’aide judiciaire, accordé sous condition de ressources qui permet de couvrir les frais de justice, en totalité ou partiellement.
A l'annonce de la grève de l'aide judiciaire par les avocats, j'étais d'abord inquiète, parce qu'au final ce sont les moins puissants de nous tous, les justiciables les plus vulnérables, qui la subiront. J'ai ensuite essayé de comprendre la position des avocats.
Ce que je comprends est qu'il est inadmissible que des avocats participant au système de l'aide judiciaire soient rémunérés à 10 ou 7 euros de l'heure !
Mais j'entends aussi, pour reprendre une phrase du Garde des sceaux, le fait qu'il y a de gros cabinets d'affaires et de nombreux cabinets moyens qui ne participent pas à l'aide judiciaire.

En fait, la grève de l'aide judiciaire est devenue nécessaire, pour poser tous les problèmes de la profession, une profession libérale, vitale aujourd'hui dans un monde de plus en plus technique, juridique, administratif, de plus en plus complexe. La justice fait peur pour beaucoup, et de plus en plus. Elle est lente, trop lente car saturée et n'est pas adaptée aux plus vulnérables.
Un contrat d'assurance de protection juridique serait donc la solution ?
Encore un contrat, avec plein de clauses d'exonération de responsabilité ? non merci, même moi je lis à deux fois ces contrats de plus en plus complexes.

Les avocats participant à l'aide judiciaire devraient avoir une réelle reconnaissance, ils ne seraient plus alors que " 7% à faire 57% de l'aide judiciaire, ni que 17% à faire 84% de l'aide judiciaire".



La position des avocats
La position du Garde des sceaux
« Vous nous annoncez une hausse du budget de l'aide juridictionnelle, mais nous n'avons pas la même calculatrice puisque nous constatons que vous baissez de 30 millions la rétribution des avocats, en plus des 17 millions de participation que vous demandez à la profession ».
« Le budget actuel est déjà insuffisant pour permettre aux plus pauvres un accès effectif aux droits »

Pierre-Olivier Sur,  bâtonnier du barreau de Paris :
Cette aide apporte "une indemnisation très minimaliste, 10 euros de l’heure ; dans les textes en préparation pour 2016 on passerait à 7 euros de l’heure. Le Parlement vient aussi de voter un impôt Taubira qui pèserait sur la profession d’avocat pour financer cette aide juridictionnelle".

"La profession d’avocat est tellement mal qu’il a fallu voter une exemption de cotisation ordinale pour un tiers du barreau parce que sur leurs feuilles d’impôts ces avocats déclarent moins de 30.000 euros de revenus."

"Le dialogue est rompu parce que Christiane Taubira était attendue avec confiance de la part du barreau, des avocats, du monde judiciaire et on ne pouvait pas s’imaginer qu’elle allait renoncer à la solidarité la plus évidente, celle qui passe par le barreau, pour l’accès au droit. Pas elle, pas ça. C’est une incompréhension totale et malheureusement nous avons peut-être réagi tard car nous étions en confiance,"

Nous allons continuer la grève. Nous sommes prêts à discuter et à trouver une solution qui passe peut-être par les contrats de protection d’assurance juridique."




« Depuis notre arrivée, le budget de l'AJ a augmenté. J'ai supprimé dès 2014 le timbre à 35 euros qui rapportait 60 millions d'euros (que les justiciables devaient payer pour engager une procédure, ndlr) et nous avons comblé cette somme dans le budget de l'AJ" ».
 « Nous avons augmenté l'unité de valeur socle (équivalente à une demi-heure de travail d'un avocat, passée de 22,50 euros à 24,20 euros) ce qui n'avait pas été fait depuis 2007. En plus, nous avons proposé une contractualisation qui permet de passer de 24 euros à jusqu'à 30 euros dans certains territoires où il y a des besoins spécifiques ».

Pour la ministre le système actuel était « à bout de souffle » et le réformer est indispensable si on ne veut pas le voir imploser. «  Aujourd'hui, 57% de l'AJ est faite par 7% des avocats et 84% de l'AJ est faite par 17% des avocats. C'est une profession qui se paupérise. Il y a de gros cabinets d'affaires et de nombreux cabinets moyens qui ne participent pas à l'AJ. La question est comment on répartit l'AJ sur la profession ».

« Les avocats ont une caisse, la CARPA, dans laquelle transitent les fonds de leurs clients et qui rapporte des produits financiers. Ces produits s'élèvent à 75 millions d'euros dont le quart pour le barreau de Paris. Ce que nous proposons, c'est que pour l'année qui vient, 5 millions d'euros soit affectés à l'AJ et l'année d'après 10 millions d'euros. A partir de 2018, un fonds de participation de l'ensemble des professions judiciaires prendra le relais », a expliqué la garde des Sceaux.

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