A la recherche de la personne "hyper employable"

Le contrat à durée indéterminé intérimaire
un an après sa mise en œuvre
pour des salariés "hyper employables"

Le contrat de travail, au delà de sa définition juridique, est le seul contrat en droit français qui contractualise l'obéissance d'une personne à l'égard d'une autre personne. Cette obéissance est contractualisée donc acceptée. En contre-partie, le droit du travail apporte quelques garanties au salarié.
Parmi celles-ci il y a notamment l'obligation pour l'employeur de proposer un CDI à l'embauche, les autres contrats ne peuvent être proposés qu'à titre exceptionnel et pour des motifs bien précis.
Le nombre de salariés sous CDI dans une entreprise doit être la règle et donc majoritaire. Ainsi, une entreprise serait dans l'illégalité si son effectif se composait de 20 salariés dont 4 CDI, 10 CDD, 4 intérimaires et 2 stagiaires.
L'intérim, est une situation un peu particulière. Le salarié sous contrat de travail temporaire est embauché par une agence d'intérim, qui reste son employeur. L'agence envoie ensuite le salarié en mission dans ses entreprises clients partenaires. L'entreprise cliente n'est pas l'employeur du salarié mais elle détient cependant ce qu'on appelle en droit le pouvoir de direction. Autrement dit, le salarié intérimaire a le devoir d'obéissance également auprès d'une entreprise tierce.
Ce mécanisme constitue un prêt de main d'œuvre à but lucratif. L'entreprise utilisatrice d'une main d'œuvre, paye l'agence pour le service rendu. L'agence versera ensuite le salaire à l'intérimaire.
Le coût pour l'entreprise utilisatrice est en apparence plus important puisqu'elle doit payer, d'une part une prestation de service, d'autre part le coût du salaire qui sera versé ensuite à l'intérimaire.
Elle y gagne cependant du temps.
Les agences d'intérim exercent leur activité sur un marché très tendu dans lequel la concurrence est très forte.
Dans le cas du CDI intérimaire, l'agence garantit une stabilité donc une sécurité à l'intérimaire mais elle prend un risque du coup et le nombre de CDII proposé en France, un an après l'entrée en vigueur du dispositif reste marginal.
Ci-dessous, un article de presse qui dresse un état des lieux économique, des pratiques et des ressentis, de part et d'autre, avec les mots clés surlignés.


Article de Presse :

Le CDI intérimaire, ce nouveau contrat hybride qui commence à percer

© 2015 AFP
Publié le

Cela faisait cinq ans qu'Emmanuelle Diallo enchaînait les missions dans l'intérim. La jeune assistante se sent «stabilisée» depuis qu'elle a signé un CDI intérimaire, un nouveau contrat qui décolle mais se limite aux travailleurs temporaires les plus convoités.
Inspiré d'expériences aux Pays-Bas et en Allemagne, ce contrat aux termes pour le moins antinomiques est entré en vigueur en mars 2014.
Le principe: le salarié exécute des missions chez les entreprises clientes et, entre deux missions, touche une garantie, le tout pour lui apporter un revenu au moins égal au Smic sur le mois (période de missions et d'intermissions confondues). L'agence d'intérim a donc intérêt à ce que les intermissions soient le plus courtes possible. La durée totale des missions dans la même entreprise utilisatrice a été portée à 36 mois maximum - au lieu de 18 auparavant.
Pour l'heure, environ 3.000 contrats «CDII» ont été signés, avec une «nette accélération depuis mai», indique à l'AFP François Roux, délégué général de Prism'Emploi, l'organisme patronal.
Le patronat s'était fixé un objectif de 20.000 signatures d'ici à 2017 - soit près de 4% des 549.000 intérimaires. On en est loin mais les agences y croient. «La croissance est exponentielle», affirme Jean-François Denoy, directeur-général de Manpower.
PSA Peugeot Citroën et Manpower ont annoncé début septembre un accord pour l'embauche de 300 opérateurs. «Ca leur permet de faire des tests à grande échelle pour développer le recours abusif au travail temporaire», s'inquiète Philippe Tixier, de la CGT de l'intérim, non signataire de l'accord sur le CDII conclu en 2013 dans le secteur.
«Les entreprises ont besoin de flexibilité dans un marché tendu. Le CDII permet de concilier cette exigence avec une responsabilité sociale», fait valoir à l'opposé le patron de Manpower, pour qui ce contrat «a vocation à se substituer au CDD».
«C'est l'instrument par excellence de la +flexisécurité+ à la française que tout le monde appelle de ses voeux», renchérit la porte-parole de Randstad, à l'origine de l'idée.
- Nombreux refus -

Présenté comme «gagnant-gagnant», le «CDII» essuie néanmoins de nombreux refus. «Pour 1.000 contrats signés, on en a proposé 2.000», indique Randstad.
«Le mot est antinomique: il y a un travail pédagogique à faire», concède le troisième groupe de travail temporaire en France.
Le CDI n'est en effet pas dans la culture de certains intérimaires, dont les plus recherchés (couvreurs, électriciens...) craignent de «perdre leur liberté», affirme David Deloye, de FO (non signataire).
Surtout, le CDI semble moins avantageux financièrement: il fait perdre les 10% d'indemnités de fin de mission et la rémunération des intermissions est lissée au niveau du Smic. «Certains ont déjà démissionné», assure le syndicaliste qui fustige une «précarisation des revenus».
«C'est vrai qu'économiquement on y perd. Mais j'ai trouvé une stabilité financière», témoigne Emmanuelle Diallo, en mission à l'Agence nationale pour la rénovation urbaine à Paris.
«Cela permet de sortir de la précarité car le CDI reste le Graal pour le logement, le crédit, et même trouver une place en crèche», a estimé la ministre du Travail Myriam El Khomri, lors de la signature, ce lundi, du «1.200 ème» CDII chez Adecco.
Autre avantage: les salariés «peuvent enfin oser soulever un litige», quand l'intérim classique «fonctionne comme une muselière sociale», pointe Véronique Revillod, de la CFDT Manpower (signataire).
Mais seule une minorité est ciblée: pour que le contrat soit rentable, le professionnel doit être «hyper employable». Ce sont pour beaucoup des ouvriers et employés de l'industrie (50%), du BTP (15%) et des services (20%), détaille Manpower. Les métiers dits «pénuriques» représentent 25% environ.
FO prédit que le modèle économique ne «tiendra pas la route» puisque les profils visés «n'ont de toute façon aucun mal à travailler».
«Comme ceux-là refusent, on se tourne vers ceux qui travaillent moins, en basse qualification, l'agence doit payer davantage d'intermissions... donc elle y perd», affirme David Deloye.
Au contraire, rétorque Manpower: pour les fidéliser, l'agence doit justement «développer les compétences» de ses CDI, en particulier via la formation professionnelle.

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