L'Etat d'urgence de novembre 2015 à juillet 2016

ASSEMBLÉE NATIONALE
RAPPORT SUR LE PROJET DE LOI (n° 3732),
Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 17 mai 2016. prorogeant l’application de la loi n° 55-385 du 3 avril 1955 relative à l'état d'urgence, PAR M. Pascal POPELIN, Député

(synthèse et extraits)
  • 1 QUELLES SERONT LES CONSÉQUENCES DE CETTE TROISIÈME PROROGATION ? 
    • LA FIN DES PERQUISITIONS ADMINISTRATIVES
      • Un champ plus réduit des mesures autorisées
        Au moment de la déclaration de l'état d'urgence le 14 novembre dernier,
        le Président de la République et le Gouvernement ont fait le choix
        de permettre aux autorités administratives compétentes
        de décider des perquisitions administratives.

        Selon le gouvernement, « cette mesure, qui a été très utile
        après les attentats du 13 novembre 2015,
        afin de corroborer ou lever des doutes sur des individus
        suivis par les services de renseignement,
        ne présente plus le même intérêt aujourd'hui,
        la plupart des lieux identifiés ayant déjà fait l'objet
        des investigations nécessaires »

        La décision du Conseil constitutionnel n° 2016-536 QPC du 19 février 2016
        • Le Conseil constitutionnel a été saisi, le 18 janvier 2016, par le Conseil d’État
          d’une question prioritaire de constitutionnalité posée par la Ligue des droits de l’homme
          sur la conformité à la Constitution du régime de la perquisition administrative
          prévu par l’article 11 de la loi du 3 avril 1955 et notamment de la possibilité,
          dans ce cadre, de copier des données stockées dans un système informatique
          auquel ces perquisitions donnent accès

          Le Conseil constitutionnel a validé trois aspects de la perquisition administrative
          Le Conseil a, en revanche, jugé contraires à la Constitution une partie des dispositions
          du paragraphe I de l'article 11, privant de fondement juridique les copies de données informatiques,
          introduites par la loi du 20 novembre 2015.
          Il a estimé que « le législateur n’a pas prévu de garanties légales
          propres à assurer une conciliation équilibrée entre l’objectif de valeur constitutionnelle
          de sauvegarde de l’ordre public et le droit au respect de la vie privée ».

          La possibilité de copier toutes les données auxquelles l’autorité administrative peut accéder,
          y compris des éléments « intimes » sans lien avec la menace que représenterait l’intéressé ;
          la possibilité de copier les données des amis ou des parents de la personne regardée comme
          une menace et chez qui elle logerait ;
          ou encore, l’absence de précision sur le sort de ces données
    • LES MESURES QUI POURRONT ÊTRE MOBILISÉES
      JUSQU’AU 25 JUILLET 2016
      • l’interdiction de la circulation des personnes ou des véhicules
        l’institution de zones de protection ou de sécurité
        où le séjour des personnes est réglementé

        l’interdiction de séjour
        l’assignation à résidence,
        complétée le cas échéant par une assignation à domicile
        à temps partiel, pouvant comporter jusqu’à trois pointages
        au commissariat ou à la brigade de gendarmerie
        et une interdiction d’entrer en relation,
        et qui peut être aménagée sous la forme d’un placement
        sous surveillance électronique

        la dissolution d’associations ou de groupements
        la fermeture provisoire des salles de spectacles, débits de boissons et lieux de réunion
        l’interdiction de manifestation
        la remise des armes des catégories A à C
        et de celles de catégorie D soumises à enregistrement

        la réquisition de personnes ou de biens
        le blocage de sites Internet provoquant à la commission d’actes de terrorisme
        ou en faisant l’apologie
    2 POURQUOI PROROGER À NOUVEAU L’ÉTAT D’URGENCE ?
    • LA PERMANENCE DE LA MENACE TERRORISTE
      • La condition de « péril imminent »
        posée par l’article 1er de la loi du 3 avril 1955
        pour la mise en œuvre de l’état d’urgence  paraît donc satisfaite

        Les avis et décisions du conseil d'Etat
        • il a statué en référé, le 27 janvier 2016,
          sur la décision implicite des pouvoirs publics
          de ne pas mettre fin à l’état d’urgence de manière anticipée

          il a été consulté, le 2 février, sur l’avant-projet de loi de deuxième prorogation
          son avis du 28 avril rendu sur le présent projet de loi
        "Notre pays demeure l’une des cibles privilégiées de la nébuleuse terroriste.
        Dar-el-Islam, le journal francophone de propagande de Daesh, s’en prend, numéro après numéro,
        à nos institutions et à notre modèle de société.
        L’engagement de l’armée française sur le théâtre syro-irakien
        et au Sahel frappe durement les groupes islamistes.
        La présence de plus de 600 ressortissants français
        dans les rangs de Daesh et d’AQMI fait aussi de la France
        le pays d’Europe le plus directement concerné".
    • LA SÉCURISATION DE DEUX ÉVÉNEMENTS SPORTIFS
      D’AMPLEUR EXCEPTIONNELLE
      • L’Euro 2016 se tiendra du 10 juin au 10 juillet
      • L'organisation du Tour de France, du 2 au 24 juillet
    • LE RENFORCEMENT DE LA LÉGISLATION ORDINAIRE BIENTÔT ACHEVÉ
      • Les principaux apports du projet de loi relatif à la procédure pénale
        en matière de lutte contre le terrorisme

        • Le chapitre Ier du titre Ier du projet de loi accroît les prérogatives des magistrats spécialisés dans la lutte antiterroriste
          les perquisitions de nuit dans les domiciles seront déormais autorisées en enquête préliminaire et en information judiciaire en matière terroriste
          le parquet se voit reconnaître, sous le contrôle du juge des libertés et de la détention, des prérogatives quasiment équivalentes aux magistrats instructeurs, aussi bien en enquête de flagrance qu'en enquête préliminaire
        Les différentes mesures de police administrative
        • mise en œuvre de contrôles d'identité afin d'autoriser également dans ces cas l'inspection visuelle et la fouille des bagages
          retenue administrative lorsqu'il existe, à l'égard d'une personne dont l'identité a été contrôlée ou vérifiée, des raisons de penser que son comportement est lié à des activités à caractère terroriste
          régime de contrôle administratif applicable aux personnes de retour sur le territoire national des théâtres d'opérations de groupements terroristes

          Salutations numériques
          Sophie Cuq 

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